Le fait de te retrouver sélectionné aux CM était une première victoire après 2 ans difficiles ?
En fait , être selectionné pour Sopot n'était pas un objectif en soit lorsque l'on a décidé de travailler ensemble avec Sébastien HOMO (mon nouvel entraineur). On partait avec pour objectif premier de refaire régulièrement 5m60. Les mondiaux sont devenus un objectif au cours de la saison car on sentait que les sensations et la forme étaient là. Donc, en effet c'était déja une première victoire d'être là-bas même si j'esperais bien plus.

Est-ce que finalement cela n’a pas été préjudiciable que d’atteindre cet objectif et d’avoir du mal à te projeter sur un podium à Sopot ?
Non car dans ma tête j'y allais avec l'idée de faire un podium même si je savais que ça serait compliqué. D'ailleurs le concours me l'a confirmé puisque pour être sur le podium il aurait fallu que je saute au niveau de mon record. Ce qui m'a été plus préjudiciable a été mon manque de régularité sur les compétitions qui ont précédé le championnat. La forme et l'envie étaient là mais peut-être pas certains réglages.

Tu as changé pas mal de choses il y a quelques mois pour relancer ta carrière. Qu’est-ce qui a le mieux fonctionné suite à ce changement ?
J'ai surtout changé d'entraineur. Après, Sébastien reste dans la continuité de Gérald qui lui même était dans la continuité de mon père. Les trois ont la même vision du saut à la perche. En fait il me fallait un nouveau départ. Avec Gérald, nous étions tombés dans une routine et il me fallait de la nouveauté pour retrouver de la fraicheur et de l'envie.  Sébastien n'a pas révolutionné mon saut , on a juste recalé certaines phases que j'avais un peu zappé pour travailler mon point faible. C'est surtout ce travail qui m'a permis de retrouver mon niveau.

La haute compétition te manquait elle et est-ce facile de s’y replonger ou finalement cela demande à nouveau une adaptation ?
Bien sûr que la haute compétition me manquait. J'ai eu 2 ans difficiles parce que j'ai fait des choix d'homme plutot que de sportif. Toutefois je n'ai jamais laché l'entrainement et mon investissement était toujours présent. C'est pour cela que c'était frustrant de ne pas faire de grosses compétitions parce qu'avant chaque saison j'y croyais. Mais à ce niveau il faut être à 100% dans tous les domaines et ce n'était pas mon cas. Mais je n'ai aucun regret là-dessus. Par contre on retrouve très vite les sensations des gros concours. Ce n'est pas du tout ce qui m'a manqué à Sopot. J'étais d'un grand relâchement en chambre d'appel et durant tout le concours. J'ai profité de ce moment même s'il reste de la frustration.

Tu as réalisé des performances sur le Perche Elite Tour avec des pistes d’élan surélevées et tu as peut-être été moins bon en revenant sur des sautoirs plus conventionnels cet hiver ? Es-tu d’accord avec cela ? Est-ce plutôt lié à l’ambiance de ce circuit ? Autre…
Ceci est un faux problème. Bien sûr cette piste est très rapide mais Bubka et Renaud n'ont ils pas leur record du monde en salle et extérieur sur ce genre de  piste ? La piste aux mondiaux etait aussi une piste en bois qui rebondissait. Cette piste aide un peu car on arrive sans doute un peu plus vite mais je pense que c'est davantage l'athmosphere sur ces compétitions qui nous pousse à nous transcender. En ce qui me concerne les résultats décevants sur les pistes conventionnelles sont davantages dûs à des paramètres extérieurs plutôt qu'à la piste. A Karlshruhe, je fais 0 parce que je n'ai aucune énergie. Je sortais de gastro et j'ai quand même voulu y aller pour préparer les championnats de France. Après coup c'était une erreur. Aux France, je n'avais pas de jus parce que la semaine d'avant je suis allé à Donetsk et cela n'était pas prévu au programme. Je devais travailler les 15 jours précédents les France mais après mes 5m76 de Nice on m'a proposé Donetsk et j'ai sauté sur l'occasion vu que je n'y avais jamais été. Je n'ai aucun regret sur ce choix même si ça m'a sans doute pénalisé sur la suite de l'hiver.

Tu viens de faire un stage et tu as dû faire le point sur la suite de ta saison ?  Quel est alors ton objectif ?
Je n'ai pas encore fait un réel point avec mon entraineur. Nous nous voyons peu. Personnellement j'ai fait le point. Cet hiver a été au delà de nos espérances de début de préparation mais il reste un petit gout d'inachevé. Je pense que j'étais capable de battre mon record ainsi que de faire mieux aux France et aux Monde. Mais je ne vais pas faire la fine bouche; faire ma 3ème performance absolue n'était pas vraiment programmé.
Après ce constat, les objectifs sont clairs pour cet été: Faire tomber mon record et faire un bon résultat aux Europe à Zurich (pour lesquels j'ai déjà réalisé les minimas) ce qui passe nécessairement par une bonne performance aux France.

Jusqu’où penses-tu aller dans ta carrière ?
Rio est sans doute mon dernier gros objectif. Après je sauterai peut-être encore un an ou deux mais je n'irai pas beaucoup plus loin. Rio est vraiment la compétition qui me pousse à m'entrainer. Je veux refaire des Jeux. J'aurai 33 ans et je pense pouvoir y être performant.

Tu étais présent à Donetsk lors du record du monde de Renaud… qu’elle a été ta première réflexion ? et aujourd’hui qu’en penses-tu ?
Oui j'étais présent. Cela restera gravé dans ma mémoire. Car maintenant même si Renaud bat à nouveau ce record du monde ce sera moins symbolique. Là c'était vraiment fort. La présence de Bubka a rajouté à ce côté symbolique. Renaud a fait un saut extraordinaire. On se disait qu'il était capable de battre ce record mais en flirtant avec la barre. Mais en fait, il passe très facilement. C'est surtout ce qui a impressionné les spectateurs et y compris les spécialistes. Même si mon concours là bas n'a pas été génial, j'en garde un grand souvenir. J'ai sans doute vécu l'un des plus grands moments de l'athlé de ces dernières années et peut-être même du sport français.

Jérôme, tu nous as déjà régalé de nombreuses fois et nous nous réjouissons de savoir que cela va encore durer... pour le plaisir de tes proches, de ton club, de l'équipe de France et des licenciés de la Ligue du Centre. Quand ce sera difficile, pense que nous serons près de toi.