Je profite d’avoir le pouvoir de poster cette actualité sur le site de la Ligue du Centre Val de Loire d’Athlétisme en tant que professionnel mais aussi en tant que citoyen Français. Merci à Alain Butte, président de la LCA, de m’y avoir autorisé.
Pourquoi une telle actualité ce jour, parce qu’après l’effroi, puis l’émotion, ces états doivent faire place à la raison, au rebond et à l’espoir.
Bien entendu, je n’ai aucune raison de vous faire partager mes émotions personnelles, ma peur ou même mon optimisme envers mes semblables, la république et la démocratie, pas plus que je ne  fais autorité dans les propositions qui seront faites aux Français et aux actions menées, mais je me sens dans l’obligation de nous alerter et de nous convaincre que nous devons réagir. En effet, mes valeurs, nos valeurs partagées, celles du monde sportif dans lequel nous prêchons depuis plus ou moins longtemps ont été touchées et prises pour cible par des hommes sans foi, ni loi.

Nous avons eu peur ou nous avons encore peur car nous aimons la vie. Nous, dirigeants, entraîneurs ou athlètes, nous aimons nous rassembler, nous retrouver, vivre des émotions ensemble sur un stade, un terrain de cross, un chemin ou encore une route.

Nous avons donc pour mission de continuer à défendre le « bien vivre ensemble » souvent repris par Ghani Yalouz notre DTN, à « combattre avec la lumière » comme le disait Martin Luther King. On pourrait nous faire croire que nos activités sont futiles, tout comme le plaisir de partager un moment en terrasse, ou à danser sur des musiques aussi diverses que variées, puisque ce sont ces terrains qui ont été attaqués. Mais NON, ces ateliers du partager ensemble, du vivre ensemble sont sources de vitamines pour ceux qui veulent changer les choses, qui croient dans les valeurs de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Chers amis dirigeants et entraîneurs, « nous sommes les cantiniers, les parrains et les marraines de guerre » (Gérard Jugnot), la société civile a besoin de nous, la nation aussi. Nous pouvons donner de l’espoir, préserver cette capacité du citoyen sportif à rebondir, à dépasser ses peurs et ainsi contaminer nos familles, nos proches, nos amis, nos voisins aussi.

Au moment où j’écris ces mots, nous devons lutter contre la douleur des familles endeuillées, des blessés, des amis de ces gens, mais aussi contre celle de la nation entière, cette nation libre, mélangée, ouverte, métissée, tolérante, accueillante... Tout le monde a été touché personnellement. Tous ces barbares qui n’aiment personne et qui croient aimer Dieu (tirée de Charles Péguy) veulent nous diviser, nous faire paniquer en s’attaquant au lien social. C’est mal connaître le mouvement sportif, notre capacité à surmonter nos problèmes, à endiguer les situations désespérées, à enseigner et former nos jeunes.
Ces jours de deuil passés, nous devons agir chacun à notre niveau, dans nos vestiaires, dans nos tribunes, sur le bord des pistes, nous devons en parler et donner de l’espoir à nos jeunes athlètes, à leurs aînés aussi.

Et nous en avons de la chance, car notre sport, l’Athlétisme, incarne tout ce que ces fanatiques détestent. Nous aimons profiter de tous ces petits moments qui prennent les voies suivantes : un pique-nique jambon beure, un vin chaud partagé entre amis ; de belles filles en short concourant pour elle, pour un copain ou pour une équipe ; des enfants si différents qui courent, qui sautent et qui lancent avec le sourire aux lèvres ; des jeunes et moins jeunes de toutes religions ou d’aucune, de couleurs différentes, de milieux sociaux divers qui se régalent à lutter les uns contre les autres avec rage mais discernement et respect de l’autre ; acceptant le verdict du potentiel, du travail, de la détermination, de cette glorieuse incertitude du sport.
 

Sans jamais oublier ce qui s’est passé, transformons ce vendredi 13 en un coup de pistolet déclencheur d’une course à la vie, en un saut vers l’avenir et en un lancer d’évènements propice aux émotions.

Et si vous doutez encore, regardez ces quelques images et demandez-vous si nous n’avons pas une chance extraordinaire ?